Des sorties au Musée, des journées de partage, des veillées pour écouter les récits des anciens, des cours de soutien… Madame Mamou Sow fourmille d’idées pour le programme de son association en 2020. Avec son amie Fatima Camara, co-fondatrice de l’association, elles développent aujourd’hui « Bouger pour mieux réussir » créée il y a plus de dix ans et laissée jusque-là en jachère faute de temps.
À 32 et 37 ans, maman toutes les deux, elles ont fait de l’alphabétisation et de l’intégration leur combat quotidien. Madame Mamou Sow connaît bien le sujet : « Ma mère, arrivée du Sénégal pour rejoindre mon père, ne parlait pas le Français. Lorsqu’elle s’est retrouvée veuve, elle ne pouvait pas vérifier les devoirs ou nos carnets. Mes frères en profitaient, forcément ! »
Aujourd’hui Mamou est assistante d’éducation au collège Anatole France à Creil, et elle est choquée par le niveau de certains adolescents : « Je vois des élèves entrer en 6e sans savoir lire ou écrire correctement ! s’insurge-t-telle, c’est ça qui m’a donné envie de relancer l’association ».
Lutter contre le décrochage scolaire
Pour cette mère attentive, le rôle des parents est primordial pour éviter aux adolescents de décrocher.
« Quand les parents ne parlent pas Français, ils restent dans une sorte de confort avec ceux de leur communauté, cela n’aide pas leurs enfants à s’ouvrir. Nous souhaitons les faire sortir, rencontrer d’autres gens, les amener à échanger en Français. » Pour cela, l’association imagine des sorties et moments : parents/enfants, intergénérationnels, comme des chasses au trésor, des animations dans la ville.
Nous prévoyons également des cours de français ainsi que de soutien pour les enfants et adolescents. Pour cela, « Nous cherchons des étudiants pour assurer les cours, des personnes âgées aussi, et un local », explique Mamou avec un enthousiasme communicatif.
« On veut développer le positif à Creil, même sur des petites choses ! » Les deux jeunes femmes sont également à l’initiative d’une Master Class Participative, une première dans la Région. « Pour encourager à l’échange, nous avons créé un événement mettant en lien deux métiers : le maquillage et la pâtisserie. Il s’agissait d’animer un atelier en proposant à nos participantes d’être actrices de leur propre création. Avec ces ateliers ludiques, l’objectif est d’acquérir confiance et estime de soi en donnant l’opportunité de s’exprimer en français dans un contexte convivial », conclut Mamou.