Passer au contenu

coralie

Coralie Martin, 41 ans, est une artiste creilloise qui s’adonne à un art ancestral, minutieux et délicat, à savoir la frivolité.

Créatrice de bijoux contemporains, elle nous raconte son savoir-faire et son parcours de dentellière autodidacte.

Quel est votre parcours professionnel ?

Après un bac scientifique, j’ai été sélectionnée sur concours pour intégrer une classe de mise à niveau d’arts appliqués. J’ai fait ensuite un BTS Design Produit, puis deux années supplémentaires à l’école nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris, en design de mobilier. Après mes études, j’ai travaillé dans des commerces de mobilier et décoration hauts de gamme destinés aux enfants et adultes.  Malgré toute la richesse que m’ont apportée ces années d’expérience, j’avais besoin de revenir à un projet plus personnel, en phase avec ma personnalité et mon besoin de création. En 2015, suite à un bilan de compétences fructueux, j’ai pris le temps de me poser pour réfléchir à ce qui pourrait être ma voie.

 

Quand et comment vous êtes-vous initiée à la dentelle ?

L’univers textile m’a toujours séduite. C’est au cours de mon bilan de compétences que j’ai découvert la frivolité à la navette grâce à l’édition en français de l’ouvrage d’une créatrice japonaise dont j’ai adoré la finesse et la poésie des réalisations. C’est une période où j’ai testé de multiples techniques des arts du fil. J’ai tout de suite aimé la frivolité car elle nécessitait très peu de matériel, mais aussi parce qu’elle était peu connue en France.  Ce constat a été le déclic pour me lancer dans cette aventure : je voulais participer à la reconnaissance de ce savoir-faire oublié. Je suis une dentellière autodidacte : j’ai appris avec des livres français et japonais, quelques vidéos sur internet, en copiant des modèles classiques, puis des modèles de créatrices actuelles.

En quoi consiste la technique que vous utilisez pour concevoir vos bijoux ?

 La frivolité est une technique de la famille des dentelles nouées qui a des caractéristiques bien spécifiques : une façon de nouer le fil, des outils, un vocabulaire, une histoire… On identifie l’usage de ce mot pour désigner ce type de dentelle dès le 18ème siècle dans le nord de l’Europe, entre la France et l’Angleterre. J’ai très vite choisi de travailler avec une navette, nom de ce petit outil oblongue, pointu à chaque extrémité, qui porte le fil et permet de le passer entre les mains naturellement. Son usage permet de réaliser un ouvrage très fin car le fil est noué directement sur lui-même. Dans mes créations, j’ai à cœur de casser les codes de la frivolité dont le style peut vite être désuet. J’aime l’idée de proposer des styles différents tout en utilisant la même technique.

Quand avez-vous commencé à les vendre ?

J’ai tenu absolument à démarrer mon activité seulement lorsque j’ai été capable de créer mes propres modèles. J’ai commencé mon activité au printemps 2019. La frivolité est entrée à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel à l’automne 2020. J’ai ainsi pu mettre en valeur ma démarche auprès du public grâce à cette reconnaissance nationale lors des événements. Fin 2020, j’ai lancé mon site internet avec une partie e-shop, afin de maintenir le lien avec mes clients et pour présenter mon travail au plus grand nombre. Depuis le printemps 2022, une petite sélection de mes bijoux est disponible dans la librairie-boutique de Royaumont.

Quels sont vos projets ?
J’ai été contactée par l’Hôtel de la Marine, situé place de la Concorde à Paris, pour proposer des ateliers d’initiation de frivolité à la navette qui auront lieu suite à une visite dans les appartements des Intendants. Trois dates sont prévues pour le premier trimestre 2023. Je continue en parallèle de proposer des ateliers dans la ville de Gouvieux. J’ai aussi été sélectionnée par la future Maison des Métiers d’art et de l’Excellence Paris – Giverny pour commercialiser mes bijoux à partir du printemps. Ce projet a pour but de réunir le meilleur de la mode française et internationale, de la culture locale et du design artisanal. J’ai aussi le souhait de rejoindre les Ateliers d’art de France, syndicat professionnel des Métiers d’art. Et je continue à créer pour faire grandir mon entreprise et son identité.

Contact :  kokobijouxdentelle.fr ou 06 10 38 39 89.